Résumé
Courir un marathon augmente significativement les volumes respiratoires et, par conséquent, les doses d’inhalation de polluants atmosphériques. Cela est particulièrement préoccupant pour les athlètes d’élite, qui ventilent à des taux très élevés. Cependant, les organisateurs de courses et les instances sportives disposent de peu d’orientations pour programmer des événements qui protègent les coureurs. Une limitation clé est le manque de données sur la qualité de l’air à haute résolution temporelle et spatiale, représentant l’exposition tout au long du parcours de la course. Ce travail visait à comprendre les expositions à la pollution de l’air et les doses inhalées par les athlètes, à l’aide d’une méthodologie de surveillance dynamique conçue pour les courses sur route.
Des capteurs de qualité de l’air ont été déployés lors de trois marathons, mesurant le dioxyde d’azote (NO₂), l’ozone (O₃), les particules en suspension (PMx), la température de l’air et l’humidité relative. Un capteur stationnaire a été installé sur la ligne de départ/arrivée et un capteur mobile a suivi le groupe des coureuses élites. Les données des capteurs fixes, déployés avant la course, ont permis de décrire les tendances quotidiennes de la pollution de l’air. Les capteurs mobiles, combinés à l’analyse de cartes de chaleur, ont facilité une caractérisation hyper-localisée de l’exposition des athlètes et ont permis d’identifier des points chauds locaux (par exemple, des zones sujettes à la remise en suspension des PM) qu’il conviendrait d’éviter autant que possible.
L’estimation des doses inhalées, ventilée par sexe et par taux de ventilation, a montré que les doses inhalées par les derniers coureurs pouvaient être égales voire supérieures à celles des premiers arrivés, tant pour l’O₃ que pour les PMx, en raison d’expositions plus longues et d’une augmentation des concentrations de ces polluants au fil du temps (par exemple, 58,2 ± 9,6 et 72,1 ± 23,7 μg de PM2.5 pour le premier et le dernier homme lors du marathon de Rome). De même, les hommes ont reçu des doses significativement plus élevées que les femmes en raison de leur taux de ventilation plus élevé, avec des différences de 31 à 114 μg pour le NO₂, de 79 à 232 μg pour l’O₃ et de 6 à 41 μg pour les PMx.
Enfin, les données agrégées obtenues pendant les 4 semaines précédant le marathon peuvent contribuer à une meilleure planification des courses par les organisateurs et fournir des informations utiles pour atténuer les impacts de la pollution de l’air sur la santé et les performances des athlètes.

